Tandis que les prix de l’essence atteignent des records partout dans le monde comme à Maurice en dépassant les Rs. 61,3 le litre d’essence et Rs. 45,1 le litre de diesel (chiffres en date du 15 mars 2022), on peut se demander s’il ne faudrait pas se tourner vers les voitures électriques actuellement.
De nombreux pays encouragent le passage à la voiture électrique ou hybride dont les ventes ont connu une forte augmentation ces dernières années. A Maurice par exemple, entre 2015 et 2020, on a constaté une augmentation de 1 118,2 % du nombre de voitures électriques immatriculées, passant de 11 immatriculations en 2015 à 134 en 2020. Alors on peut se demander si ces véhicules ralentissent réellement le phénomène du réchauffement climatique avec une réduction de gaz à effet de serre.
La voiture électrique émet autant de carbone que la voiture thermique
C’est le constat des experts en ce qui concerne l’émission en carbone de ce type de véhicule durant tout son cycle de vie. La phase de production est la plus énergivore, avec d’importantes émissions de CO2 qui découlent principalement de la fabrication des batteries, dont les principaux éléments sont le lithium ou le cobalt. Ces dernières nécessitent en effet l’extraction et la transformation de métaux rares qui font intervenir toute une série de produits dangereux. Les dégagements toxiques peuvent s’infiltrer dans les eaux et les sols, ou encore se répandre dans l’air ambiant, ce qui favorise à long terme des conséquences lourdes sur la biodiversité, de même que l’apparition de maladies graves.
Par ailleurs, le véhicule électrique requiert l’utilisation de cuivre et d’aluminium, ce qui va rapidement affaiblir les ressources, sachant que d’immenses ambitions quant à sa production à l’échelle mondiale se préparent pour les années à venir. Ce qui n’est pas le cas pour les voitures classiques puisqu’elles font plutôt appel à de l’acier provenant principalement du recyclage des épaves et des véhicules destinés à la casse. Quant au moteur des voitures électriques, il réclame l’utilisation de terres rares, dont l’exploitation est elle aussi extrêmement énergivore.
En clair la voiture verte, non seulement réclame beaucoup d’énergie mais épuise également les ressources naturelles de la planète avant même d’avoir roulé. Le coût écologique est donc lourd en termes de rejet carbone à ce niveau. En revanche, une fois mise en circulation, le rejet de gaz à effet de serre est quasi neutre.
Quid de la consommation d’électricité ?
Produire ce type de voiture verte, c’est aussi grossir les besoins en électricité distribuée par le biais des bornes aux stations publiques ou directement sur le réseau domestique. Cette élévation généralisée des besoins va elle aussi générer ses propres impacts sur l’empreinte carbone de même que sur les ressources naturelles avec les enjeux environnementaux qui en découlent.
Le mode de production électrique varie d’un pays à l’autre. En ce qui concerne par exemple l’électricité au charbon et au fioul, elle nécessite l’exploitation d’une centrale thermique. Cette dernière fait appel à de l’énergie fossile issue du charbon, du fioul et du gaz naturel qui sont puisés des ressources naturelles et qui rejettent de gros volumes de gaz à effet de serre. Quant à l’électricité issue des centrales nucléaires, elle est source de production de déchets radioactifs, en plus de libérer dans l’air ambiant et dans l’environnement des produits hautement toxiques et dangereux.
Comment rendre ces voitures écologiques plus propres ?
La fabrication de voitures électriques décarbonées n’est pas impossible certes, mais nécessite de déployer des mesures titanesques à plusieurs niveaux. Les constructeurs devraient par exemple songer à produire des véhicules et des batteries à durée de vie plus longue. Ce qui n’est pas toujours avantageux du point de vue commercial car les consommateurs demeurent friands d’innovation et de nouvelles technologies. Le recyclage des éléments propres à la voiture électrique devrait également faire partie des priorités des constructeurs, et par conséquent la revue de l’ensemble de son cycle de vie.
Quant à la production d’électricité, elle nécessite la mise en fonction de beaucoup plus de dispositifs tels que les panneaux solaires et les éoliennes. L’exploitation de la géothermie est elle aussi envisagée dans les prochaines décennies.