Interview

Rencontre avec Thierry Malabar, Project Manager de BEM Recycling

Thierry Malabar est Project Manager d’une entreprise de recyclage de DEEE ou déchets d’équipements électriques et électroniques. Il s’agit de BEM Recycling qui est basé à Maurice. Il accorde une interview en exclusivité à CM Online afin de vous faire découvrir l’entreprise ainsi que le contexte du recyclage sur l’île.

CM Online : Bonjour Thierry, parle-nous de toi et de ton parcours professionnel

Thierry Malabar : Jeune trentenaire, je suis passionné de randonnées et de toutes thématiques se rapportant à l’environnement. Je me suis alors naturellement orienté vers une filière scientifique et environnementale, avec en poche un Master en Gestion de l’Environnement et en Développement Durable. Cela à l’issue des études tertiaires effectuées à la faculté de Nice Sophia Antipolis en France. Au terme de mes études, j’ai rapidement intégré l’entreprise familiale depuis maintenant 5 ans où j’exerce la fonction de chef de projet. Mes missions : mettre en place et coordonner les projets en cours – en collaboration avec nos partenaires aussi bien du secteur privé que du secteur public. Je me charge aussi d’assurer une veille commerciale et juridique.

CM Online : Peux-tu nous présenter l’entreprise BEM Recycling ?

Thierry Malabar : À sa création en 1994, BEM Recycling se spécialise dans la gestion des déchets. C’est à partir de 2000 que l’entreprise se focalise sur les DEEE. Elle est actuellement située à Chaumière St Martin, Île Maurice.

Concrètement, l’entreprise procède à la collecte de tous vos produits électriques et électroniques en fin de vie. Il peut s’agir de votre plus petit appareil, par exemple un téléphone portable, ou d’un gros équipement, tel qu’un réfrigérateur. Ces appareils font ensuite l’objet de ce qu’on appelle une dépollution, c’est-à-dire l’extraction des produits dangereux avant tout traitement. Puis s’ensuit une série de manipulations telles que le broyage et le lavage. Des machines spécialement prévues à cet effet interviennent tout au long de ce processus. Résultat final : obtention de nouvelles matières premières recyclées, entrant dans la chaîne de fabrication de nouveaux produits.

Ainsi, BEM Recycling met en avant une économie circulaire, avec la création directe et indirecte d’emplois sur le secteur local. Le tout dans le respect total de l’environnement.

CM Online : Comment se portent le marché du recyclage et celui des DEEE à Maurice ?

Thierry Malabar : Les recycleurs doivent constamment renouveler leur processus avec l’avènement des nouvelles technologies, les nouveaux modes de production et l’obsolescence programmée. Ceci afin de s’adapter aux exigences de la mondialisation. Il en va de même pour les professionnels du recyclage à Maurice.

Le recyclage consiste aussi à sensibiliser les parties prenantes sur les bons gestes à adopter. On réalise par ailleurs que la population commence à prendre conscience des enjeux sur l’environnement. Il reste pourtant beaucoup à faire. Par exemple, au cours de nos randonnées à travers l’île, nous tombons souvent sur des dépôts sauvages de divers objets : matelas, téléviseur, matériaux de construction, réfrigérateur. Ce qui pollue notre écosystème de manière alarmante.

CM Online : Comment gères-tu la communication de l’entreprise ?

Thierry Malabar : Une communication en interne a déjà été mise en place avec l’ensemble des employés afin de les sensibiliser sur les démarches de BEM Recycling. Nous sommes sur le principe que les employés sont les premiers ambassadeurs d’une entreprise. Nous avons aussi actualisé notre site internet afin de nous adapter au mieux aux attentes de notre clientèle. Nous organisons également des sessions de travail ou « workshop » avec nos différents partenaires.

De plus, la diffusion de l’information évolue continuellement avec la croissance rapide des nouvelles technologies. BEM Recycling, comme toute entreprise, a dû s’ajuster à cette révolution. C’est pourquoi, pour ce qui est de la communication externe, l’entreprise travaille avec un professionnel du social média management, CM Online. Celui-ci prend en main la gestion de ses différents réseaux sociaux. Vous pouvez par exemple retrouver BEM Recycling sur sa page Facebook et sur LinkedIn.

 CM Online : BEM Recycling en chiffres ? Des perspectives d’expansion à l’international ?

Thierry Malabar : 20 employés, plus de 2000 tonnes de DEEE traités au fil des ans, un site de traitement implanté sur un terrain de 2 arpents. L’entreprise collabore aussi avec une centaine de compagnies mauriciennes.

Pas de perspective d’expansion à l’international pour le moment. Il y a pas mal à faire sur l’île, avec plus de 1.2 millions d’habitants et environ 8000 tonnes de DEEE générées par an.

CM Online : Ta vision de l’évolution de l’entreprise sur le court et le long terme ?

Thierry Malabar : Un objectif tout simple : continuer de faire passer le message, d’informer sur les bons gestes à adopter. Le but est d’accroître les principes d’une économie circulaire qui est génératrice d’emplois nouveaux.

Toujours dans cette optique, l’entreprise s’adapte aux exigences et aux contraintes de ses clients. Les collectes peuvent se faire mensuellement ou biannuellement selon leurs convenances. D’autres clients font aussi appel à BEM Recycling pour la sensibilisation des employés durant la semaine du développement durable et de la journée de la terre.

CM Online : Que nous conseilles-tu pour limiter l’invasion de DEEE ?

Thierry Malabar : Adopter des gestes écocitoyens. Il s’agit en effet de limiter la production de déchets à la source et restreindre le dépôt sauvage de déchets. Voici quelques gestes simples :

•   Avant d’échanger son EEE contre un nouvel appareil, toujours s’orienter vers un réparateur ou vers le service après-vente si votre EEE ne fonctionne plus.

•  Privilégier les jouets d’autrefois – ceux en bois comme ceux de nos parents. Ceux-ci demeurent relativement plus durables et ludiques. Si possible, n’acheter que des jouets écolabellisés.

•  Ne pas se limiter aux EEE : favoriser les circuits courts et les produits « Made in Moris » fabriqués par des entreprises locales. Celles-ci en effet sont déjà dans une optique d’économie circulaire dans leur processus de production.

•  Au besoin, contacter les mairies et les autres organismes afin de vous guider dans vos démarches, par exemple si vous avez d’autres types de déchets dont vous souhaitez vous débarrasser. Le but étant de s’interdire la pratique du dépôt sauvage.