Marées noires et déversements d’hydrocarbures de grande ampleur ont impacté le paysage écologique un peu partout dans le monde. Ces catastrophes environnementales qui ont eu lieu dans différentes circonstances ont provoqué de lourds dommages sur les écosystèmes maritimes. Voici une compilation des déversements les plus spectaculaires de l’histoire.
1) Sabotage des puits pétroliers de l’Émirat au Koweit
La plus grande marée noire de l’histoire fut certainement celle occasionnée par le sabotage des puits de pétrole de l’Emirat par l’armée irakienne. Le drame eut lieu le 19 janvier 1991 en pleine guerre du Golfe. Près de 7 160 000 tonnes de pétrole se déversaient en mer, soit l’équivalent d’environ 60 000 000 barils d’hydrocarbures. Les dommages s’étendaient sur 50 kilomètres de long et une quinzaine de kilomètres de large. Avec une vitesse estimée à 1.5 km/h, le déversement menaçait d’atteindre les côtes des pays avoisinants. En effet, les opérations pour contenir le flot furent ralenties en raison de la sécurisation géopolitique de la zone par l’Irak.
2) Éruption du puits de Lakeview en Californie aux États-Unis
Cette éruption d’hydrocarbure, causée par la rupture d’un puits d’hydrocarbure sous pression, a eu lieu en mars 1910 ; elle est baptisée « jaillissement de Lakeview ». Environ 1 230 000 tonnes d’hydrocarbures ont jailli des réservoirs de stockage, soit l’équivalent d’environ 9 020 000 barils. Ce n’est qu’en septembre 1911 que le jet a été maîtrisé. Des oléoducs ont été installés dans le but de dériver l’épanchement pétrolier vers les réservoirs de stockage basés plusieurs kilomètres plus loin. Rappelons que ce phénomène appelé « blowout » se caractérise par une montée de la pression qui est fonction de la profondeur du forage, intensifiant par conséquent celle des réservoirs.
3) Désintégration de la plateforme Deepwater Horizon (États-Unis, golfe du Mexique)
Il s’agit d’une plateforme de forage dans le golfe du Mexique, exploitée par la compagnie pétrolière britannique. Le 20 avril 2010, lorsqu’une explosion suivie d’un violent incendie se déclenche, la plateforme sombre dans l’océan 48 heures après le sinistre. Selon les analyses réalisées par les experts, le drame aurait été provoqué par la rupture du dispositif de sécurité de la foreuse, ainsi que par une défaillance de conception.
Un important flux d’hydrocarbure stocké dans le réservoir se décharge en mer, créant une nappe noire de 678 000 tonnes d’hydrocarbures, soit l’équivalent de 4 900 000 barils. Le déversement est sous contrôle trois mois plus tard seulement, après colmatage de la fuite. Les tentatives de fermer les vannes par des robots sous-marins sont demeurées infructueuses.
4) Explosion de la plateforme Ixtoc I (Mexique, golfe du Mexique)
Établie dans le golfe du Mexique, la plateforme de forage offshore Ixtoc 1 est également la cible d’un vif incendie dû à un blowout. Survenu le 3 juin 1979, le drame provoque un jaillissement d’hydrocarbure qui n’a pu être stoppé qu’en mars 1980 grâce au creusement de conduits de dégagement. L’objectif de la structure est d’abaisser la pression du puits – en plus des barrages de confinement installés qui n’ont cependant pas porté leurs fruits. Le volume de l’épanchement a été estimé à 470 000 tonnes, soit l’équivalent de 3 333 000 barils.
5) Collision en haute mer de l’Atlantic Empress, à Trinité-et-Tobago
Ce drame écologique se déroulait au large de Tobago aux Caraïbes, le 19 juillet 1979, suite à la collision de deux superpétroliers. Le choc provoqua un incendie meurtrier sur ces deux bâtiments. Le premier – Atlantic Empress – transportait 276 000 tonnes de pétrole ; il fut le plus fortement touché, tandis que l’Aegean Captain réussit à maîtriser le feu. L’opération de remorquage fut alors à l’origine du déversement pétrolier et de la marée noire en haute mer. La situation se détériore lorsque l’Atlantic Empress fut secouée par des successions d’explosions les 23, 24 et 29 juillet. De l’épave, il ne restait plus qu’une nappe de pétrole en feu. Au total, 278 000 tonnes déversées, soit l’équivalent de 2 105 000 barils. Quant à la pollution, elle fut traitée au moyen de la mise en place de dispersants.
Rappelons que la récente marée noire de l’histoire est celle provoquée par le vraquier japonais MV Wakashio, échoué sur les récifs au sud-est de l’Île Maurice. Les premiers déversements dans les lagons ont été signalés à partir du 06 août 2020 suite à la rupture des cuves.