Les écosystèmes en Afrique connaissent une transition agressive en raison de l’impact des pressions mondiales et régionales. De par le manque de financement, certains pays n’arrivent pas à tenir la cadence en termes de provision de services écologiques. C’est dans un tel cadre que l’on doit analyser le bilan écologique de l’île Maurice et du continent africain en général.
Empreinte carbone, biocapacité : Pourquoi doit-on craindre le déficit écologique ?
Par peur d’assister à une détérioration progressive de la sécurité et du bien-être humain tout simplement. Une déclaration des Nations Unies affirme justement que les populations les plus défavorisées subissent les effets du changement climatique de façon disproportionnée. Et ce n’est pas que les humains qui sont concernés ! En effet, selon un rapport du WWF et le Living Planet Report Index, la population animale a connu une réduction de 60% sur une période de 44 ans en Afrique. Cela corrobore entièrement l’affirmation de plusieurs études qui annoncent la consommation effrénée en tant que véritable menace sur nos écosystèmes.
Actuellement, la Terre ne parvient plus à renouveler les ressources naturelles et à absorber les déchets produits. Nos demandes en ressources vivantes, autrement dit notre empreinte écologique, a plus que doublé en 60 ans. Désormais, elle est supérieure à la biocapacité de la planète, c’est à dire sa capacité de régénération – et ce de plus de 50%. Durant cette même période de 60 ans, l’empreinte écologique africaine a connu une hausse de plus de 240%. Cette tendance est notamment causée par la croissance démographique ainsi que la hausse de la consommation par habitant dans différentes régions africaines.
L’Afrique se rapproche de la norme mondiale
Durant la dernière décennie (2008-2014), l’empreinte moyenne par habitant africain a fini par rattraper la biocapacité du continent. Cette dernière est en moyenne de 1,5 hectares globaux par individu alors que le continent émet plus de 1100 millions de tonnes métriques de dioxyde de carbone chaque année. Dans l’ensemble, le bilan africain paraît plutôt sage quand on le compare à d’autres continents (particulièrement l’Europe, l’Océanie et les deux continents américains). L’empreinte de l’Afrique reste ainsi largement inférieure à la moyenne mondiale par habitant de 2,7 hag. Toutefois, il faut faire très attention quand on constate que la biocapacité africaine se rapproche dangereusement de la moyenne mondiale, qui est de 1,8 hectares globaux par individu. Quand on sait que ce chiffre a tendance à diminuer avec la croissance démographique, et que 400 millions d’Africains connaissent encore des pénuries d’eau régulièrement, on se rend compte de la taille du chantier pour bon nombre de dirigeants africains.
L’île Maurice dans le paysage africain
Il est un fait que l’Empreinte écologique moyenne fluctue grandement d’un pays à l’autre. Elle diffère aussi entre deux citoyens d’un même état. L’empreinte écologique africaine a la particularité de présenter un taux de consommation insuffisant par rapport à leurs besoins. À ce titre, son empreinte écologique (le taux d’utilisation de ressources renouvelables) est similaire à sa biocapacité (la capacité de production et d’absorption de déchets). En d’autres mots, si l’Afrique contient 2960 millions d’hectares de terres productives et une grande quantité de ressources renouvelables, elle gère mal sa consommation et son absorption de déchets.
Un focus sur notre île démontre que notre position n’est pas très glorieuse. En outre, on doit faire face aux mêmes problématiques africaines. En termes de biocapacité, Maurice se place en 37ème position avec un score de 0,7 hectares globaux par habitant (hag/hab), loin derrière le Gabon (25,7). Côté Empreinte carbone, Maurice s’est légèrement amélioré avec un score de 3,4 hag/hab. Pour rappel, on occupait la tête du classement africain avec un score de 4,6 hag/hab en 2008. Pour compenser ce déficit écologique, Maurice, ainsi que bon nombre de pays africains, importent des biens et des services à cet égard. Plusieurs stratégies nationales (Maurice Ile Durable, Le projet GCF-UNDP) ont également été mises en avant.
À la croisée des chemins…
Quand on regroupe les mesures de l’Empreinte écologique, de la biocapacité et du Living Planet Index, on constate que l’Afrique est à la croisée des chemins en termes de stratégies de développement. Le choix de développement fortement consommatrice en ressources, adoptée initialement par les pays développés, entraînerait rapidement une situation de déficit et de dégradation environnementale dans la région. Cependant, grâce à son empreinte écologique relativement faible par individu, l’Afrique est en capacité d’adopter un plan plus efficace en termes de consommation de ressources à l’aide de technologies disponibles et rentables.